29 octobre, journée à la mémoire de Ben Barka
Il y a 50 ans ...un assassinat jamais puni.
À la veille de son enlèvement et de son assassinat, Medhi Ben Barka présidait le comité préparatoire de la Conférence de la Tricontinentale qui devait réunir à la Havane, en janvier 1966, les représentants des mouvements de libération des peuples d’Afrique, d’Asie et d’Amérique Latine. Figure intellectuelle et politique du mouvement anticolonialiste et opposant au roi Hassan II du Maroc, il a été enlevé et assassiné le 29 octobre 1965 près de Paris. Son corps n’a jamais été retrouvé.
" Ben Barka a payé de sa vie son militantisme efficace, sa détermination dans sa lutte contre le colonialisme et l'impérialisme que l'on ne pouvait pas récupérer, une connaissance de la problématique des relations Nord-Sud et Sud-Sud avec des données précises, une foi inébranlable dans la solidarité entre les pays du tiers-monde et une maîtrise de l'environnement international qui conditionnait cette démarche. Sa pédagogie de la libération fait école à ce jour. Il dérangeait de plus en plus les dirigeants qui s'accrochaient à l'ancien colonisateur pour se maintenir au pouvoir et il dévoilait d'une manière convaincante les desseins des impérialistes. Cette pédagogie de la remise en question des politiques en vigueur a très probablement été une des causes du complot international qui a abouti à son enlèvement.
Le 29 octobre devrait être célébré tous les ans à travers le monde comme la journée de la Mémoire. La Mémoire est une des clés du développement et du progrès car elle facilite le cumul des expériences et des leçons que l'on en tire. Elle limite les dangers de l'amnésie et l'inconscience de ceux qui parlent de tourner la page . Mais pour tourner une page il faut d'abord l'avoir lue attentivement en parvenant aux conclusions qui s'imposent avant d'entamer la page suivante. La page de la disparition de Mehdi Ben Barka en pourra être tournée que lorsque les responsables auront été identifiés et que la justice se sera prononcée."
Madi Elmandrja (1933-2014), ancien sous-directeur général de l'Unesco pour les sciences sociales, les sciences humaines et la culture. Président Fondateur de l'Organisation Marocaine de droits de l'homme.