Histoire des Français au Costa Rica : Nacer Wabeau

Publié le par Français du monde - adfe - Costa Rica

Présentation de Nacer Wabeau

 

Francophile, et parfaitement francophone, Nacer Ouabbou n’est pas de nationalité française, pourtant il a été français avant le 3 juillet 1962, date à laquelle il a eu la nationalité algérienne qui a remplacé sa nationalité française. C’est pour cela qu’il a entièrement sa place dans les présentations des récits de Français au Costa Rica.

Ce 27 avril, Nacer nous a raconté au Corrico verde avec passion sa vie d’écrivain, le « comment » et le « pourquoi » de chacun de ses romans.

Le cours de sa vie

Nacer Ouabbou est né dans les régions montagneuses de Kabylie, en Algérie. De Kabylie, il a rejoint la France pour ses études universitaires à la Sorbone où il a obtenu une maitrise en philosophie. En 1992, il traverse l’Atlantique pour s’installer au Costa Rica, pays de son épouse.

Dès son arrivée au Costa Rica, Nacer a cherché à contribuer à la culture et à l’art de son pays d’adoption. Il obtint une maitrise en littérature et enseigna à la Universidad de Costa Rica où il devint « catedratico ».

Homme pluridimensionnel, Nacer a cherché à servir de pont entre plusieurs cultures, notamment dans le domaine de la littérature qui a joué un rôle central dans sa vie...". C’est cet apport à la culture, notamment sur Albert Camus, qui le satisfait le plus.

Nacer a publié de nombreux articles dans des revues académiques et le quotidien La Nación. Il a été membre du conseil éditorial de la Revista de Lenguas modernas, membre du jury de « Premios Ancora »(1995-1996) et a collaboré au conseil d’administration de la Alliance française.

Nacer, devenu Nacer Wabeau, a écrit trois romans : Sin voz ni techo,  Condenado sin proceso et La Pareja de médicos enfrentando la pandemia.

En 2012, le gouvernement français le décora des palmes académiques pour sa contribution au dialogue entre les cultures

Parmi ses passions, outre l’enseignement et la littérature, Nacer Wabeau aurait aimé être chef cuisinier. La gastronomie est sa passion. Il aurait aussi voulu être danseur, la danse que sa fille a pratiquée de longues années avant de devenir médecin, et qui est l’art de sa nouvelle compagne.

Son autre passion est celle des randonnées qu’il pratique au Costa Rica dans les montagnes d’Escazu et qui l’ont mené jusqu’à la cime du monde : l’Everest.

 

Les rapports de Nacer avec les langues.

Nacer parle cinq langues.

Le tamazight, langue de Kabylie, est sa langue maternelle, la langue de son enfance, de sa famille, la langue affective, la langue des premiers poèmes qu’il écrivait à dix-sept ans, néanmoins c’est une langue dont Nacer ne maitrise plus assez le vocabulaire pour qu’il la choisisse comme langue d’écriture.

L’arabe, langue officielle de l’Algérie, est sa seconde langue. C’était la langue obligatoire de la scolarisation.

Le français, langue apprise à l’école avant l’arabisation de l’enseignement, est la langue de ses études universitaires. Pour Nacer, le français est sa langue académique.

Nacer parle aussi couramment l’anglais, appris durant ses études et renforcé lors d’un séjour de deux ans à New York.

Et finalement c’est l’espagnol qu’il choisit comme langue d’écriture, la langue du quotidien de son pays d’adoption.

 

À partir des notes prises pendant la réunion et de biographies publiées.

ChV

 

Les romans de Nacer

 

Nacer Wabeau conçoit son premier roman, Sin voz ni techo, un jour où il croise  dans la calle de la Amargura un enfant qui vend des stylos. Il en choisit un et s’apprête à le payer, mais le gamin lui en propose un autre tout en insistant  : “celui-ci écrit mieux”. Prémonition? Une conversation s’engage entre l’adulte et l’enfant, et c’est alors que Nacer a l’idée de mener une enquête sur le travail des enfants auprès d’organisations locales et internationales telles que l’UNICEF, le PANI, l’OIT, la Casa Alianza, puis dans des quatiers marginaux de la GAM comme la Carpio, los Guidos,… Toutes ces recherches minutieuses  aboutissent à la création de son protagoniste Beto, un enfant dans la rue. Personnage fictif sans voix ni toit, Beto devient pour nous bel et bien vivant lorsque, après avoir lu le livre, nous voyons des enfants qui nous tendent des bonbons, des stylos ou se livrent à des numéros de jongleurs aux feux rouges. Beto est parvenu à briser le mur de l’indifférence, et certains lecteurs se demandent même ce que ce personnage emblématique a pu devenir à l’âge adulte. 

Dans la préface, Tatiana Lobo indique que :

“ Nacer Wabeau nos ofrece una novela desnuda, honesta, sin artificios. Este libro ha sido escrito con rigor, es el fruto de una investigación seria y bien fundamentada (…)

Au delà de l’image d’Épinal du petit vendeur à la sauvette, l’incarnation  de ce protagoniste romanesque plonge dans les entrelacs complexes de la condition humaine et de ses engrenages fatals :

“Aquí, en esta novela estamos presentes [poursuit T. Lobo]. Somos delincuentes en potencia; un giro circunstancial, la banalización del mal, puede inducirnos a cometer acciones que jamás imaginamos.”  

 

Son second roman, Condenado sin proceso, met en scène un journaliste, Omar Ben Larbi, séquestré par le GIA ( organisation terroriste islamiste d'idéologie salafiste créée lors de la guerre civile algérienne entre 1992 et 2002), puis forcé à l’exil en France où il travaille dans une agence de tourisme. Son employeur, un juif séfarade dont il gagne la confiance, le mandate à New York où il doit ouvrir une succursale. Mais un enchaînement de circonstances malencontreuses (l’attentat du 11 septembre, la guerre sans merci ni discrimination menée contre le terrorisme par la CIA) le conduisent à nouveau dans les geôles. Contraint à de faux aveux pour échapper à l’enfer de Guantanamo, il se retrouve empêtré dans un absude procès kafkaien. Ce que Ana Cristina Rossi résume ainsi : “El autor nos muestra magistralmente cómo la ignorancia, los estereotipos (…) convierten en monstruos a los humanos. La novela está basada en hechos reales.  Brutalmente bien contada.”

Ce roman qui repose également sur une documentation fournie alimentée par nombre de rapports et d’articles de presse, est un plaidoyer en faveur de la paix et de la réconciliation entre les cultures.

 

La pareja de médicos enfrentando la pandemia est un court roman - ou une nouvelle – qui rend hommage aux médecins mobilisés sur les premières lignes de front lors de la guerre contre le coronavirus, et ceci dès les premiers moments de la pandémie. Ces héros sont Michel et Melissa, un couple franco-mexicain de médecins parisiens disposés à sacrifier d’emblée leur vie personnelle en s’exposant à la séparation de leurs proches et aux risques de contamination mortelle. Les effets à la fois dévastateurs et porteurs d’espoir du confinement sont très bien décrits, notamment par l’institutrice Sylvie,  ainsi que par leurs voisins d’immeuble : Farou la concierge, Anna la professeur de piano, Chloé, professeur de danse et Nathalie, psychologue.

 

Sophie F.

Histoire des Français au Costa Rica : Nacer Wabeau
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