Histoire Des Français au Costa Rica: la famille Castro
LE BENEFICIO DE CAFÉ
C’est au centre de traitement du café de Tres Rios, situé en face de la majestueuse montagne La Carpintera, que l’agronome Éric Ponçon qui collabore avec Maria Melva Castro la propriétaire actuelle du « Beneficio » nous a parlé de la famille Castro et de leur apport dans la culture du café.
Dans ces bâtiments anciens, le café récolté est trié et transformé ; on y élimine toutes les enveloppes des grains tout en préservant leur qualité.
Ricardo, « catador », « barista », champion dégustateur de café au Costa Rica, nous a servi un cocktail de café froid fruité avec des uchuvas, des myrtilles, oranges, fraises, une saveur sublime pendant que nous écoutions le récit.
L’ORIGINE DE LA FAMILLE CASTRO, ET SES LIENS AVEC LA FRANCE
L’arrière-grand-père de Maria Melva Castro, Teodosio Castro Angarita, est né en 1845 à Bogota, et est décédé à San José en 1919. Il fut en Colombie candidat à la Présidence de la République, et quitta la Colombie pour s’installer au Costa Rica en 1870 où il acheta des terres pour cultiver le café. Le Costa Rica est entré dans le marché mondial du « grano de oro » vers le milieu du XIXe siècle, ce qui a transformé la vie des familles paysannes de la vallée centrale.
Au Costa Rica, Teodosio se maría avec Rosalia Rita Fernandez Guell, fille du général Fernández Oreamuno et de Carmen Güell Ferrer, elle était aussi nièce de Prospero Fernandez Oreamuno, Président de la République. Le couple eut quatre enfants (Teodosio, Georgina, Hector Alfredo et Oscar Ernesto Castro Fernandez), mais Rosalia décéda lors de l’accouchement en1890 de son quatrième enfant.
Dans le désir d’offrir un bon destin à ses quatre enfants orphelins de leur maman, Teodosio les envoya tout jeunes en France, en Allemagne, en Autriche et en Grande Bretagne. Chacun grandit en internat loin de leur pays et loin de leur père.
Alfredo fut élevé en France dans un internat à l’âge de trois ans. Devenu adulte, il apprit à travailler le fer, la chaudronnerie, puis il devint ingénieur et contribua à la construction de chemins de fer. Il participa à la guerre de 14 et fut décoré de la légion d’honneur pour son patriotisme et pour son talent d’écrivain. Alfredo était amant de la culture et du théâtre, et auteur de nombreuses pièces de théâtre, écrites en français.
Les trois frères et leur sœur ne se retrouvèrent réunis au Costa Rica qu’à l’âge adulte. Quatre enfants, quatre pays, quatre cultures différentes.
À Paris, Alfredo tomba amoureux de Alice Rose Tosi Delivas, franco italienne. Ils se marièrent.
Le destin emmena le couple en bateau d’abord à New York. Alfredo qui était ingénieur travailla dans une banque. A New York en 1919 naquit leur première fille Yvette. Ils retournèrent au Costa Rica où naquit leur deuxième enfant Norberto Ernesto, puis ils décidèrent de vivre de nouveau en France, à Neuilly où ils achetèrent une maison, 24 rue Charles Lafitte, là ils eurent leur troisième enfant Claudio. En 1939 lorsqu’éclata la Seconde Guerre mondiale en Europe, Claudio avait 15 ans, la famille pour fuir la guerre s’embarqua vers les États-Unis. Dans cet exil, le couple perdit biens et fortune.
La vie au Costa Rica fut difficile pour Alice, la femme d’Alfredo. Elle passait d’une vie parisienne à une vie campestre à Tres Rios. Il lui était difficile de s’habituer à cette nouvelle vie. Pas de route, des chemins à charrettes. Chez elle, elle imposait la langue française à ses enfants. À table on mangeait comme en France et on parlait français.
La société était à l’époque plus égalitaire. Les enfants des producteurs de café, et les enfants des travailleurs fréquentaient tous les écoles publiques.
H. Alfredo Castro est décédé le 14 avril 1966, à l'âge de 76 ans.
Ses enfants :
Les trois enfants d’Alfredo et d’Alice sont nés dans des pays différents : Yvette est née aux États-Unis, Norberto au Costa Rica et Claudio en France.
Norberto fut élève du lycée pasteur à Neuilly, puis il fit des études de droit au Chili de philosophie à la UCR et d’histoire en Irlande. Il devint un illustre généalogiste au Costa Rica et fut délégué permanent du Costa Rica à l’ UNESCO. Il décéda en 1971.
Claudio entra à la Cancillería du Costa Rica en 1953, il y fut nommé Chef du Protocole. Il avait 28 ans. Claudio épousa Leila Ortega Merrill en 1959. Il préféra ensuite s’occuper de ses entreprises de production de café. Ayant plus le sens du commerce que son père il appuya la production du café en Colombie qui fut considérée comme deuxième producteur mondial de café après le Brésil.
Claudio Castro a la nationalité française pour être né sur le sol français et de père français qui a participé à la première guerre mondiale. Il aurait eu 100 ans cette année.
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C’est Maria Melva, leur fille née en 1966 et actuelle propriétaire du Beneficio qui nous a raconté leur histoire.
Merci à Melva et à Eric Ponçon pour nous avoir fait découvrir cette histoire de Français au Costa Rica et leur implication dans la production du café..
Il faut aussi remercier Maria Bonilla pour sa présence et son apport sur l’œuvre théâtrale d’Alfredo Castro.
Merci aussi à Ricardo pour le cocktail de café, à Denis et l’adfe pour avoir offert les pâtisseries d’Alain Lelous, sans oublier bien sûr Ginette Barrantes pour l’organisation et la coordination de cet évènement.
Une histoire de plus sur l’apport de familles françaises au Costa Rica.