La famille VALDY
Les Valdy Veyral, un brin d’histoire de ma famille en France
Je suis Valdy-Veyral, mais malheureusement mes petits-enfants ne porteront pas mon nom de famille et le passage des Valdy au Costa Rica sera de courte durée.
Je me suis habituée à ce qu’au lieu de Christiane Valdy avec le V de « vache » on me dise Cristiana (chrétienne) ou Cristian Baldi avec le B de « bourrique »
En France, les quelques Valdy appartiennent tous à la même famille. Le nom de famille est né d'une erreur d'orthographe. Une arrière-arrière-grand-mère Raymonde Baldy avec un B et un i grec, née en 1770 dans le village de Valady près de Martel dans le Lot, eut un fils Jacques Valdy avec un V. Couturière et mère célibataire, elle émigra à Marseille. C'est ainsi que les Valdy sont devenus "marseillais" à la fin du XVIIIe siècle.
Mon autre nom, Veyral a complètement disparu. Dans le petit village de Mouleydier d'où est originaire la famille Veyral, les monuments aux morts témoignent de la liste des "Veyral" morts pendant la Première et la Seconde Guerre mondiale.
Ma grand-mère et ses deux filles ont été sauvées en 1939, elles réussirent à se réfugier dans la zone Libre à Marseille, seules, sans travail et sans argent. Le petit village de Mouleydier fut incendié le 21 juin 1944 par les Allemands de la Wehrmacht ; presque tous ses habitants périrent. Mon grand-père qui était chef mécanicien sur les navires de la marine marchande, "Les Messageries Maritimes" passa la guerre en Indochine, à Saïgon. En raison de la guerre, les paquebots étaient bloqués et ne pouvaient naviguer. Une fois la guerre terminée et les routes maritimes réouvertes, il rentra en France en 1945, et les Veyral restèrent vivre dans le port de Marseille. C'est ainsi que mon père et ma mère se sont rencontrés et que mes frères et moi sommes nés à Marseille. Mon grand-père maternel aimait nous raconter ses voyages à Madagascar, à Port Saïd, à Saïgon. Il nous parlait du navire Champolion, de la mer Noire et de l'Indochine. Il me parlait d'histoire, de Léon Blum et de Jean Jaurès.
De lui, j'ai hérité le désir de connaître le monde.
De ma grand-mère maternelle, de ma mémé affectueuse qui aimait me gâter, j'ai hérité le désir d'être indépendante. Elle me disait : "Ne te laisse jamais commander" ou "Les femmes doivent travailler pour gagner leur propre argent et ne dépendre de personne". Bons conseils.
Mon père, Robert Valdy, comme son père, son grand-père et son arrière-grand-père, était représentant d'une marque de chocolats fins FOULLON. Il était voyageur de commerce en Algérie et en Corse. Nous habitions à Marseille, rue Jaubert, pendant l'année scolaire et nous allions en Corse pendant les vacances d'été. Nous campions sous des tentes et profitions de vacances heureuses à la mer pendant que mon père travaillait. Nous aurions pu aller vivre en Algérie, mais la famille était marseillaise, nous n'étions pas des "Pieds noirs" comme on appelait les colons français d'Algérie. Lorsque l'Algérie est devenue indépendante, mon père a dû changer de lieu de travail et, en 1963, nous avons tous déménagé pour vivre à Toulouse. A l'âge de douze ans, ce fut pour moi une véritable expatriation et les séjours heureux en Corse s’achevèrent.
De mes parents, j’ai hérité l’amour de la Méditerranée, de Marseille, des paysages provençaux, des promenades dans les collines de Pagnol, de la garrigue et des bons chocolats.
La Corse m'a laissé une marque indélébile, un mélange d'odeurs et de couleurs, une véritable nostalgie de la mer transparente, du parfum du sel, de la brise marine, des rochers blancs ou écarlates, lumineuses sous un ciel parfaitement bleu.
Les imprévus de la vie
La vie est faite d'imprévisibles, on ne décide pas beaucoup de ce que sera sa vie. Il y a toujours des obstacles, ou des rencontres qui changent le chemin tracé ; les amis, les voyages, les lectures guident notre vie, plus que le "je serai ce que je veux".
Ma vie n’a pas été en ligne droite : enfance, études, travail, mariage, enfants. Rien de cela. Je proclamais que jamais je ne marierai, je me suis marié deux fois. Dans ma chambre, chez mes parents, deux grandes affiches étaient collées au mur : un portrait du Che et une carte du monde. Je voulais être journaliste, ils m'ont inscrit en mathématiques, et j’ai enseigné les mathématiques. À 21 ans, je n'étais vraiment pas prête pour être enseignante jusqu’à l’âge de la retraite, j’ai donc démissionné et me suis rendue au Pérou avec un ami et sa sœur. Au Pérou, j’ai connu le choc des Andes, je me suis emplie de la splendeur de ces grands paysages, de l’altiplano et de musique andine. Mon intention était d'aller au Chili pour connaître le Chili d'Allende, mais le coup d'État le 11 septembre 1973, le jour même où je me rendais au guichet pour acheter mon billet pour Santiago, brisa mon rêve ; j'ai poursuivi mon voyage, seule, vers la Bolivie et l'Argentine. Inconsciente des dangers ? Certainement. À Salta, j'ai rencontré des "routards", je suis tombée dans le piège amoureux d'un Argentin aux cheveux longs qui jouait de la guitare et à la belle voix. Il faisait de l’artisanat qu’il vendait dans la rue pour voyager.
De retour au bercail, j'ai eu un fils. J’ai renoué avec le militantisme et rejoint des mouvements féministes et d’aide aux migrants sans papiers. Je travaillais dans une usine de lentilles de contact. J'ai été renvoyée pour attitude rebelle ; puis j'ai repris mes études à Toulouse: diplôme d'infirmière.
Mon grand rêve de voyager pour connaitre le monde est revenu. Avec une amie du Vanuatu et mon fils, nous sommes partis à Port Vila, dans les Nouveaux Hybrides, un territoire franco-anglais avant l'indépendance et situé exactement aux antipodes de la France. Je ne pus y exercer ma profession car je n'étais pas originaire de cette île d'Océanie ; j'ai donc passé quelques mois sur cette île paradisiaque, et de nouveau j’ai rejoint le bercail avec mon fils.
Pourquoi le Costa Rica ? Comment y suis-je arrivé ?
J'avais des amis latinos à Toulouse, je les trouvais sympathiques. Un jour, j’ai rencontré un tico. Il me parla de son merveilleux pays tropical entre l'Atlantique et le Pacifique. J’ai tout de suite abandonné mon travail d'infirmière, j’ai vendu ma voiture, donné mon maigre mobilier et mes bricoles, et je suis partie avec mon fils pour connaitre ce havre de paix en Amérique centrale. "la Suisse latino-américaine". Nous sommes partis avec une valise chacun. J'ai envoyé par avion ma Motobécane, dont je ne pouvais pas me séparer. Dans mon sac, j’ai enfoui quelques maillots de bain, ma collection de disques 33 tours et quelques livres. C'est ainsi que j’ai débarqué au Costa Rica le 30 septembre 1981. J'avais passé 30 ans sans connaître le nom de ce pays. J'aurais pu continuer à vivre en France, ou dans n’importe quel coin du monde, mais il a fallu que le hasard mette un Tico sur monchemin. L’imprévisible.
L'arrivée au Costa Rica, premières impressions
L'arrivée au Costa Rica n'a pas été facile. Le premier mois a été une accumulation de déceptions. Mes deux premiers chocs n’ont pas été culturels, mais météorologiques et économiques. En octobre, il pleuvait beaucoup, il faisait froid, je n'avais pas emporté mes pulls. Il y avait ce vacarme de la pluie s’abattant sur le toit de zinc de la maison, cette humidité pénétrante, rien à voir avec le rêve tropical de plages blanches bordées de cocotiers. Les agents de la circulation ont confisqué mon cyclomoteur pour conduite sans permis. Ce fut un acte arbitraire car le moteur n’avait que 49 CC et je n'avais pas besoin de licence. J'ai dû abandonner l'idée d'exercer ma profession d'infirmière ; C’était trop compliqué de faire reconnaître mes études ; J’aurais dû passer l'examen d'admission de l’université, et je n'avais pas un niveau suffisant en espagnol, ni le baccalauréat français ni le diplôme reconnus.
L'économie était un cauchemar. J'avais changé les 1 000 dollars d'économies que j'avais dans une banque au taux de 8 colons par dollar, et quelques jours plus tard, le dollar passait à 20 colons et un peu plus tard, il valait 80 colons. Nous avons été frappés par la crise économique à la fin de l'année 81. Cette crise n'a pas duré longtemps, mais elle nous a touchés. Il y avait de longues files d'attente partout. Je n'avais jamais fait autant de queues dans ma vie. Il fallait faire la queue pour payer l'eau dans le seul bureau de l'AyA, la queue pour payer l'électricité, la queue pour acheter de la nourriture dans les magasins du CNP. J'allais faire la queue au CNP de Hatillo 4. je demandais du sel. On me répondait qu’il n’y en avait pas. « Du sucre ? - Il n’y en a pas ». « Du papier toilette - Il n’y en a pas », « du lait . Il n’y en avait pas ». « No hay, no hay no hay » C’est tout ce que l’on me répondait ! J’étais furieuse, je pensais qu’on ne me comprenait pas en raison de mon accent. Mais non, il y avait une pénurie réelle de tout, les gens accaparaient tout, et cela juste au moment de notre arrivée.
Nous habitions à Hatillo, dans une maison modeste sans plafond, mais la vérité c’est que la maison avait un beau jardin, très grand, un petit champ empli d’arbres fruitiers, de mangues, de papayes, de bananes, de pommes roses, de citrons doux, de goyaves, C’était un vrai paradis quand l’Eden ne se transformait pas en un horrible marécage sous les pluies diluviennes.
Pour mon fils, l’adaptation était difficile. Il avait juste 7 ans, son école à Toulouse, ses grands-parents, notre appartement et la « floraline » au gruyère lui manquaient. Ne sachant pas qu’il existait une école française, je l'ai inscrit dans une école publique. Son intégration était assez compliquée. Il refusait catégoriquement d’essayer de parler en espagnol.
L’argent manquait lourdement à la maison, j'avais besoin de travailler. J'ai alors passé une annonce dans le journal, et j'ai réussi à donner des cours à trois familles friquées, deux à Rohmoser et une à los Yoses. Étrange, la bourgeoisie costaricienne ! Un autre monde que celui d’Hatillo.
Maintenant, un beau souvenir : le premier Noël tropical à la plage. Nous nous sommes échappés de San José, destination : Tamarindo. Après un très long voyage en bus, avec plusieurs transferts, le ferry de Puerto Moreno, les chemins caillouteux, la poussière, la chaleur intense, nous sommes finalement arrivés à cette immense plage de sable blanc, complètement déserte. Ce n'était pas le Tamarindo d'aujourd'hui. Il y avait quelques ranchs cachés dans les bois secs et un seul hôtel trop onéreux pour nous. Nous avons passé tous les trois la nuit de noël sur la plage sous un ciel étoilé. Un beau souvenir qui nous a réconciliés avec le monde tropical.
Et en mars, quand j'ai appris qu'il y avait une école française ici au Costa Rica, le Lycée Franco Costaricien, je suis allé tout de suite inscrire mon fils. Et par chance, on m'a offert un emploi d'enseignante à l’école primaire, alors je suis restée. Sans travail, je serais vraisemblablement repartie.
Le Lycée Franco Costaricien : un microcosmos
Au "Franco", j'ai rencontré d'autres Français. C'était étrange, j'avais passé quatre mois sans aucun contact avec des compatriotes, et la vérité est que je n'étais pas venu au Costa Rica pour rencontrer des Français. Je n'étais même pas enregistré à l'ambassade, et soudain je suis arrivé dans un mini pays à l'intérieur du Costa Rica, une mini France où l' on parlait ma langue.
Ce fut un grand choc, pas économique cette fois ni météorologique, mais un choc culturel, pas avec les Costariciens, mais avec les Français.
J'ai vécu à Toulouse, mais je suis née à Marseille. À Paris j’y étais « montée » deux fois, une fois pour une réunion politique et une fois pour prendre l'avion.
Quand on dit à des Français que l’on vient de Marseille, il y a souvent un sourire sur leur visage. Sur l’accent du sud et sur les marseillais, les blagues et les moqueries ne manquent pas. Pour moi, je n'avais pas d'accent, ce sont les autres qui avaient un accent pointu de Paris. Je n’avais jamais perçu mon accent méridional jusqu'à ce qu'un directeur de l’école primaire me convoquât dans son bureau pour me dire, premièrement, que je devais améliorer mon écriture, apprendre à faire les majuscules françaises et, deuxièmement, que je devais abandonner mon accent du sud. Il fallait parler aux étudiants avec un accent neutre (comprenons l'accent du nord).
Cette hiérarchisation dans les accents me mit en colère, en tant que discrimination, et aussi comme relation de pouvoir avec la prétention des Parisiens de posséder la vraie prononciation. Mais ayant besoin de travailler, j’ai serré les poings et les dents, et n’ai rien dit. Peu à peu, j'ai perdu mon accent du sud, non pas de mon plein gré, mais parce que je partageais ma vie avec des gens qui parlaient différemment. Et quand je revenais rendre visite à ma famille, c'étaient toujours les reproches de mon père qui me disait : "Tu parles comme une parigotte". La vérité, c'est que l'accent donne vie à la langue, c'est triste de le perdre. Perdre mon accent, c'est perdre un peu de moi-même.
J'ai passé trente ans dans le lycée franco-costaricien. Trente ans à enseigner avec un ou deux groupes. Trente ans, c'est probablement plus qu'un millier d'étudiants. Trente ans dans cette famille multinationale avec ses éternels combats, trente ans avec de grandes amies. Un bon morceau de vie.
Le Franco que je connaissais n’avait pas de grilles. Il était vert, avec des arbres immenses et des oiseaux qui venaient se moquer des élèves sous les fenêtres de la classe. Le Franco d'avant était le "chachachi" de la machette de Don José qui, plié en deux, coupait à lui tout seul, et à la main toute l'herbe de l'école. Il y a eu un temps de liberté, où nous pouvions nous échapper et nous promener dans les plantations de café qui entouraient l'école. Nous sortions sans permission. Nous allions cueillir des framboises sur la petite route qui monte à Granadilla. Maintenant, le ciment et le besoin de sécurité ont gagné. Et en prenant la retraite après tant d'années, cette grande famille ressemble à un microcosme ou à un cocon d'où il était temps de sortir pour respirer d'autres airs.
Double nationalité, double culture ou "ni-ni" ?
En 1984, j'ai épousé mon partenaire Tico qui m'avait amenée au Costa Rica, j'ai acquis la nationalité costaricienne quelques semaines plus tard. À l'époque, c'était rapide. Peut-être que certains pensent : quelle chance d'avoir deux nationalités, deux passeports, deux cultures ! Certes, mais aussi, on entre dans la catégorie des ninis, ni français ni costaricien. Tica ? Tout en vivant comme un tica, en partageant ma vie avec des ticos, en mangeant comme un tica, l'accent français me trahit toujours, sans pouvoir prononcer le "r" et encore moins le "double R". On me demandera toujours d'où je viens, avec tous les stéréotypes que cela véhicule : "Ah, vous êtes française ! et vous aimez le Costa Rica ?" Pour le double "R", j’ai vainement essayé de rouler les r, en essayant de prononcer rl, mais non, impossible pour moi. Je suis donc devenue experte pour éliminer de mon vocabulaire tous les doubles R comme « correr » ou « carro » ou » jarra ».qui seraient devenus "coger", "cajo" ou "jaja". (corer, caro ou rara avec l’accent français)
De l'autre côté, l'ambassade de France est plus intéressée par les vrais expatriés que par les résidents binationaux. C'est l'une des raisons pour lesquelles je trouve nécessaire de m'impliquer dans l'association Français du monde-adfe. En fait, dans cette association au Costa Rica, nous sommes tous des couples binationaux ou mixtes et non français-français comme dans les autres associations.
Les binationaux ont deux nationalités, et non deux moitiés de nationalité. On ne perd pas sa propre culture en en acquérant une autre. Racines et identité ne s’oublient jamais. Si on s’enrichit assurément au contact des autres, on n’est pas complètement assimilé, et on gagne inévitablement un double regard critique à la fois sur ses compatriotes français et ses compatriotes costariciens.
Deux langues. Ma langue est le français
J'aime écrire, écrire sur n'importe quel sujet, mais toujours en français. En enfonçant une porte ouverte, je dirais que la pensée et la personnalité prennent leur source dans la langue maternelle. Et bien entendu quand on dit « langue », ce sont les mots mais aussi les non-dits, les gestes, les intonations, les silences, les sourires ou les grimaces.. Lorsque l'on s'exprime dans une autre langue, une partie de sa propre personnalité se modifie, et s’adapte à la langue parlée. En fait, parler une autre langue modifie le comportement, et l’attitude devient différente selon la langue utilisée. C'est étrange.
Au lycée, j’avais étudié pendant trois ans l’espagnol, c'est-à-dire que j’avais pour seul bagage quelques poèmes d'Antonio Machado et de Garcia Lorca. Il y a eu aussi ces quelques mois passés en Amérique du sud, mais je suis arrivée au Costa Rica avec un espagnol plutôt déficient. Et il l'est toujours. Les Français mélangent souvent "ser et estar", ainsi que "por et para". Il y a toujours des interférences idiomatiques telles que l'utilisation abusive de l’interro-négation : « Tu ne veux pas rester pour manger ? » Au lieu de dire "Reste pour le déjeuner". Ou encore exprimer ironiquement le contraire de ce que l'on pense, par exemple, "Ce n'est pas laid" au lieu de "C'est beau", ou dire "Ce n'est pas bon marché" au lieu de "C'est très cher".
Cette utilisation de la formulation négative est typiquement française, et la formulation positive n'est pas spontanée.
Il y a aussi une utilisation différente de l'hyperbole et de l'exagération. Ici, en Amérique centrale, les hyperboles sont utilisées dans l'expression des sentiments : "“¡Qué preciosidad!” “¡Qué maravilla, está lindísimo, bellísimo !”. En français, on reste minimaliste et l’on dit simplement : "c'est beau"
Mais à mon avis, ce qui est le plus difficile à comprendre pour un étranger parmi les codes typiquement costariciens, c'est le "oui" et le "non". Parfois, "oui" est "non", d'autres fois "non" signifie "oui". Au moins, on doit être capable de comprendre que l’on ne le comprendra jamais.
Bien que je vive au Costa Rica depuis près de 40 ans, bien que je sois une Cedula 8, cela ne me donne pas le droit de critiquer certaines choses. Le Tico n'aime pas les opinions des "étrangers". Il faut donc apprendre à se taire pour ne pas offenser, et ne pas être considéré comme un étranger détestable, et définitivement cela empêche d'accéder à l’engagement politique.
En conclusion, le bilan
Et maintenant, si vous me posez la question la plus stéréotypée : qu'est-ce qui me manque le plus de la France ? Si vous vous attendez à ce que je dise le fromage et le vin, vous vous trompez. D'abord parce que tout cela est maintenant disponible ici, et ensuite parce que le vin n'a jamais été ma boisson quotidienne. Ce qui me manque vraiment, c'est la langue. Je pense toujours en français. J'ai besoin d'entendre parler français, de parler en français, de discuter en français, d'écrire en français. La France et la vie en France ne me manquent pas. Paris ne me manque pas. Je ne suis pas de Paris. Les collines autour de Marseille, les calanques me manquent. La couleur du ciel de Provence me manque, la vraie odeur de la mer me manque. La Corse, aussi.
Et si vous me demandez ce qu’il y a de plus merveilleux au Costa Rica.
Le merveilleux est la fin novembre lorsque les alizés entrent en scène, quand cette brise fraîche commence à balayer les nuages. Il y a un grand bonheur qui accompagne ces vents. Et maintenant, je n’échangerai ces vents contre rien au monde.